Le blog de bord du Diplôme Supérieur d'Arts Appliqués en design de produits de Laure Choquer. Il regroupe mon travail de l'année autour de mon thème : la collecte de "matériau-déchets" comme moyen de générer une collection d'objets basés sur les singularités de ceux-ci. objetdelacollecte@gmail.com

La collecte : ma démarche


MA PROBLÉMATIQUE
Comment constituer une collection d’objets créés à partir d’un processus de collecte ?
Et de ce fait, comment envisager la collecte actrice d’un cycle d’échange, en tant que moyen de production ?
LA COLLECTE POUR QUOI FAIRE ?
Enjeux principaux
En évitant de me focaliser sur un type de collecte mais plus sur un processus, je me suis
rendue compte que la collecte était devenue une des actrices de production d’objets chez les
designers, notamment durant ces cinq dernières années.
Pour Amy Hunting en 2008, Adrien Rovero en 2009 et Nicolas Le Moigne en 2011, la collecte
a vraiment était envisagée comme un partenariat avec une entreprise ; le but étant d’envisager
la collecte des déchets de ces entreprises, en tant que valeur ajoutée. Mais elle a également
était perçue par ces designers comme un défi créatif, à savoir : comment créer un objet visuellement désirable ?
Pour Ariane Prin en 2011, la collecte fut sa réponse au monde qui l’entourait. Elle a envisagé
la collecte des déchets du Royal College of Arts comme un moyen de production adapté à son
environnement, comme une réponse à une préoccupation personnelle.
Avec ces différents projets, on constate que les objets issus de cette collecte sont plus ou
moins en rapport avec l’entreprise partenaire. Le Royal College of Arts n’est certes pas une
entreprise, mais les crayons que Ariane Prin a crées lui sont destinés (d’où le nom de son
projet from here to here). Ce parti pris s’oppose à celui de Nicolas Le Moigne qui propose un
objet radicalement éloigné de l’univers d’Eternit, compagnie spécialisée dans les revêtements
architecturaux, en imaginant un tabouret en « chutes » de béton.
Il est donc important de soulever que le designer préserve alors une certaine part de liberté
en considérant son rôle dans le partenariat de façon plus ou moins engagé, mais envisage
toujours le matériau comme élément principal de sa réalisation.
Si le designer entreprend une collaboration avec une entreprise, la collecte devient une nécessité et n’a plus forcément besoin d’être suscitée comme avec une collaboration avec un/des particulier(s).
Elle permet d’utiliser les chutes, les morceaux, les bouts, les erreurs, les déchets en tant que
matière première à nouveau utilisable et génère donc un bénéfice pour l’entreprise partenaire.
Mais elle est aussi bénéfique pour le designer qui n’a pas besoin d’investir dans un matériau
quelconque pour créer.
L’échange est de ce fait toujours présent, mais de façon différente. Il est envisagé comme un réel partenariat entre le designer et l’entreprise : des déchets = un objet(s).
Ces objets seront issus de différentes expérimentations effectuées par le designer qui mèneront à l’élaboration d’un ou plusieurs objets. Ces objets seront de manière logique, produits plus ou moins en série limitée, car ils s’accorderont à la production plus ou moins importante de déchets de l’entreprise. Ils constitueront des pièces uniques car quel que soit le processus élaboré, les déchets collectés seront similaires mais toujours différents.
Le matériau issu de la collecte intervient également au niveau de la typologie des objets. Le
designer expérimentera ce matériau et pourra ainsi développer une gamme d’objets. Le matériau devient le lien et permet donc la création d’une typologie d’objets issus d’un processus de collecte.



Amy Hunting, Patchwork collection, 2008.
Nicolas Le Moigne & Eternit, Trash cube, 2011
Adrien Rovero & Posenanki Cuirs, Skinni, 2009.
Ariane Prin, From here for here, 2011.

POINTS IMPORTANTS
- Nécessité conduisant à un échange
- Matériau-déchet conduisant à la création d’un ou plusieurs objets

Les pistes créatives se basent toujours sur ce même schéma. Elles varient selon le partenariat
engagé et donc l’entreprise solicitée (industriel ou artisan) et bien évidemment, selon le «matériau-déchet» en relation avec cette entreprise. Les expérimentations consistent en des actionssimples telles que gratter, coller, percer, faire fondre, déchirer, coudre...le «matériau-déchet». Le résultat le plus concluant de ces expérimentations choisi par le designer en accord avec l’entreprise sera retravaillé et conduira à la réalisation d’un ou plusieurs objets.